LES ACCIDENTS ORL
LIES A LA PLONGEE
DIU de Médecine hyperbare et subaquatique
Juin 1999
Nous n’envisagerons dans cet exposé que les accidents de l’oreille.
L’oreille est un
organe très sollicité en plongée et qui peut être le siège d’accidents bénins
ou d’accidents graves. Le risque est la méconnaissance de l’accident par le
sujet qui attribue les troubles au mal de mer par exemple, et aussi par le
médecin qui peut ne pas évoquer le diagnostic. Les prises en charge retardées
sont très fréquentes dans cette pathologie et la récupération est souvent
dépendante d’une prise en charge thérapeutique précoce.
Le diagnostic
d’accident d’oreille est souvent simple à faire, à condition d’y penser ; le
diagnostic du type d’accident repose sur une anamnèse soigneuse des
circonstances d’apparition et de plongée, autant que sur l’examen clinique. Les
examens paracliniques vont permettre d’apprécier le bilan lésionnel et de
surveiller l’évolution.
Les accidents
barotraumatiques se rencontrent chez les apnéistes et les plongeurs en
scaphandre ; les accidents de décompression se rencontrent à l’occasion de
plongées en scaphandre saturantes.
Il y a des accidents liés aux plongées à grande profondeur professionnelles.
Les lésions peuvent intéresser :
L’appareil vestibulaire est un organe indispensable au bon déroulement d’une plongée, car il renseigne le plongeur sur sa position, ses mouvements, son orientation dans l’eau, la notion de haut et de bas. En cas de perturbation, apparaît un vertige dont les conséquences peuvent être dramatiques. On sait que cet appareil est en fait double, pair et symétrique pour chaque côté, sous contrôle central. Il reçoit ses informations de 3 récepteurs essentiels :
En plongée, les références visuelles
sont parfois perturbées par la turbidité de l’eau, voire annulées en plongée de
nuit. De plus, le contact de l’eau et la pression hydrostatique réduisent la
sensibilité des récepteurs proprioceptifs. Enfin, la poussée d’Archimède va
venir s’opposer à la force de gravité : le plongeur a l’impression d’être en
“impesanteur” relative. C’est dire l’importance du récepteur périphérique
vestibulaire et en particulier des canaux semi-circulaires, qui renseignent sur
les mouvements de la tête et du corps dans les 3 dimensions de l’espace.
Il s’agit d’accidents très fréquents, parfois bénins, parfois redoutables, pouvant laisser des séquelles et qui peuvent intéresser tous les plongeurs.
On les connaît sous le terme impropre « d’otites barotraumatiques ». Elles sont très fréquentes et échappent souvent au corps médical.
Lors de la descente, quand celle-ci est trop rapide et la fonction équipressive de la trompe d’Eustache défectueuse. Les “forçages tubaires” sont souvent retrouvés.
Les plongeurs les plus exposés sont :
Dix fois moins fréquents que les barotraumatismes de l’oreille
moyenne, mais redoutables par leurs séquelles potentielles fonctionnelles
parfois irréversibles. Ils sont isolés ou associés à un barotraumatisme de
l’oreille moyenne dans plus de la moitié des cas.
Ils surviennent surtout en descente et concernent souvent les apnéistes.
Leur symptomatologie est surtout cochléaire.
Le danger principal est le retard de diagnostic, aussi bien par le plongeur qui évoque une simple oreille bouchée ou par le médecin qui peut méconnaître un barotraumatisme d’oreille interne derrière un banal barotraumatisme d’oreille moyenne : “Un accident peut en cacher un autre.”
Ce sont des accidents physiques barotraumatiques, conséquences de la loi de Boyle-Mariotte.
1. Les
barotraumatismes de l’oreille moyenne qui se transmettent à l’oreille interne :
ce sont les barotraumatismes mixtes ;
2. Les barotraumatismes directs de l’oreille interne (sans atteinte du tympan) :
Les accidents 1 et 2 surviennent surtout à la descente ; les accidents 3 surviennent à la remontée.
·
L’hypoacousie
est le signe essentiel. L’audiogramme en urgence permettra de préciser :
C’est une urgence fonctionnelle ! En cas de prise en charge dans les 24 heures, une récupération auditive est fréquente, les chances diminuant avec le retard de prise en charge thérapeutique ; bien que des résultats soient parfois obtenus, même lors de prises en charge tardives (au-delà de 1 semaine).
C’est le traitement d’une surdité brusque :
Le vertige alterno-barique est une entité à part ; il est le plus souvent transitoire :
L’existence d’une fistule périlymphatique impose le repos
strict en position demi-assise, associée à des diurétiques, tranquillisants,
labyrinthoplégiques.
La recherche de la fistule fera appel à l’imagerie (scanner). L’exploration chirurgicale de la caisse peut permettre de visualiser la brèche et de l’obturer par une greffe conjonctive, avec un bon résultat fonctionnel.
Dans les formes mineures la restitution ad integrum est la règle, mais des séquelles fonctionnelles peuvent persister, notamment des acouphènes et une hypoacousie d’importance variable, portant sur les fréquences aiguës.
La reprise de la plongée sera autorisée après un délai minimum de 3 mois. En cas de séquelles auditives : ???. La restriction sera plus marquée pour l’apnée que pour la plongée en scaphandre. Un enseignement des manœuvres tubo-tympaniques dites passives, une sensibilisation à la BTV (béance tubaire volontaire) sont les meilleurs garants de la prévention de ces accidents.
Il s’agit là d’une forme d’Accident de
Décompression qui touche bien évidemment le plongeur en scaphandre autonome, et
survient le plus souvent à l’occasion de plongées itératives, de plongées
saturantes. Il survient souvent au sortir de la plongée ou dans l’heure qui
suit. La symptomatologie est essentiellement vestibulaire. Ils sont en
fréquence croissante dans la plongée de loisir et des facteurs de risques ont
maintenant été mis en évidence, notamment les vitesses de remontées, les
variations de niveaux de plongée, les vitesses de remontées entre les paliers
et entre palier et surface...
Ce sont des accidents biophysiques.
Ce sont des accidents de type II.
Les
hypothèses étiopathogéniques sont diverses :
· microbulles des tissus et liquides labyrinthiques endolymphatiques : elles provoquent des dilacérations ou compression des structures neurosensorielles, avec hémorragies et exsudats protéiques, à l’origine d’une évolution vers la dégénérescence ;
· microbulles dans la circulation de type terminal de l’oreille interne : la constitution d’agrégats bullo-lipido-plaquettaires entraîne une anoxie en aval, dans une circulation de type terminal et sans anastomoses fonctionnellement valables ;
· souffrance des noyaux vestibulaires centraux ;
· l’embolisation de microbulles du système veineux central à travers un foramen ovale a été évoquée récemment à l’occasion d’accidents de décompression de l’oreille interne et peut être évoquée dans certains cas.
Ces accidents ont une expression essentiellement vestibulaire, parfois associée à une composante cochléaire.
En fin de
plongée, au palier, mais plus souvent au sortir immédiat de la plongée, ou plus
tard, le plus souvent dans l’heure qui suit, apparaît une grande crise
vertigineuse avec nausées, vomissements, déviation segmentaire avec trouble de
la marche latéralisée et chute du côté de la lésion, et nystagmus horizontal du
coté opposé, Romberg +, évoquant un syndrome vestibulaire harmonieux
périphérique. Le diagnostic de « mal de mer » est souvent évoqué,
retardant la prise en charge thérapeutique et l’oxygénothérapie.
On retrouve souvent un contexte de plongée saturante, de plongées itératives, de profil “ascenseur” avec vitesses de remontée rapides près de la surface, de fatigue,...
Ces accidents sont en général isolés, mais peuvent parfois s’intégrer dans le contexte d’un accident de plongée neurologique, venant compléter le tableau.
Une exploration secondaire audio-vestibulaire confirme une hypovalence vestibulaire unilatérale à l’épreuve calorique, associée parfois à une perte auditive perceptive du même coté par atteinte cochléaire concomitante, mais ces explorations ne sont le plus souvent pas effectuées initialement, étant donné le contexte d’urgence.
Le
traitement est celui des accidents de type II.
1. Sur le bateau :
2. Médicalisation du transfert :
3. Oxygénothérapie Hyperbare :
Le plus souvent, récupération vestibulaire souvent excellente, plus ou moins rapide. La récupération fonctionnelle est en général bonne et les séquelles exceptionnelles à distance. Mais, parfois, les explorations paracliniques montrent des anomalies résiduelles qui sont masquées par la compensation centrale !
La reprise de plongée sera possible à 6 mois, mais le problème de l’aptitude se pose si des séquelles existent aux explorations complémentaires.
En cas d’atteinte cochléaire associée, la restitution n’est pas toujours totale.
·
Physiologie et
médecine de la plongée, Broussolle, Ellipses ;
·
Table ronde de
médecine de plongée de l’Océan Indien - Maurice 12-13 sept 1998 :
o
le vertige
alterno-barique en plongée, F.DI MEGLIO ;
o
les accidents
d’oreille interne en plongée sportive, F.DI MEGLIO ;
·
Otopathies
dysbariques, Y-F. CUDENNEC, P. TRANNOY, Encycl. Méd.-Chir (ORL) 1993 ;
·
L’appareil
vestibulaire des plongeurs, P. RENON et Col., MEDSUBHYP, 1990, Vol.9,
n°1 ;
· Accidents de décompression d’oreille interne paradoxaux, recherche d’un foramen ovale perméable, J.L. FLORENTIN et Col., JFORL, vol 47, n°3, 1998.
Date de mise en ligne : 14/2/2001
ASSOCIATION REUNIONNAISE DE MEDECINE SUBAQUATIQUE ET HYPERBARE
Siège social : Groupe Hospitalier Sud Réunion, BP 350,
97448 Saint-Pierre cedex, Ile de la Réunion
http://www.aresub.org
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